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Biographie de Jules Cauderay

 

Né  le 2 septembre 1844 à Allaman (Vaud), son lieu d'origine, Jules Cauderay fut élevé dans un très modeste milieu.  Son père, dépositaire postal, le mit au collège d'Aubonne, ce furent là ses seules études.  Il fut placé ensuite comme apprenti télégraphiste à la gare de Vevey, puis à Bâle et à Olten.  Ses qualités l'avaient fait remarquer et il fut nommé chef de bureau des télégraphes de la gare de Berne, où il resta deux ans.

 

Rentré à Lausanne en 1866, il y fonda, avec son frère Henri, un commerce d'électricité.  C'était la première, et longtemps la seule entreprise de ce genre en Suisse romande et même en Suisse.  Les installations de sonneries et, plus tard, de téléphone, en constituaient la plus grosse part d'activité.  Mais il s'intéressait à toute découverte dans ce domaine.

 

Pendant la guerre de 1870, il fabriqua le matériel que Paris seul fournissait jusqu'alors.  Son petit atelier de la rue St-Pierre était bien connu, il fut appelé à faire la plupart des installations des grands hôtels de Lausanne, Montreux, le Valais et la Savoie.  Un étranger, descendu à l'hôtel Gibbon, à Lausanne, très intéressé par les tableaux d'appels de cet établissement, le fit venir à Trieste pour équiper son hôtel d'un réseau de communications analogue.

 

Le décès de son frère, en 1876, le laissa seul à la tête de l'entreprise.  C'est à ce moment qu'il fit une expérience qui, s'il eut possédé des connaissances plus étendues, lui eut peut-être donné le pas sur Marconi.

 

Il plaça 2 lames de rasoir perpendiculairement tranchant contre tranchant, l'une fixe et isolée, l'autre suspendue et en relation avec le sol.  Puis, à une distance d'une trentaine de mètres, il actionna une bobine de Rumkorf , les 2 lames étaient soudées ! (Lors de la fondation de la société de TSF de Lausanne, vers 1920, je crois, il fut invité par M. Pièce, ingénieur, à venir répéter cette expérience dans une conférence, et elle réussit parfaitement, valant à son auteur le titre de président d'honneur de la société).

 

Vers 1882, Lausanne fut dotée, la première en Suisse, d'un petit réseau de lumère électrique et force. Jules Cauderay, après de longues recherches, découvrit et construisit lui-même, le premier compteur d'énergie électrique (et non un compteur horaire).  C'était en 1883.

 

La Société Chamon, Foiret & Cie, à Paris, fit l'acquisition des brevets pris dans presque tous les pays.  L'inventeur était engagé pour diriger la fabrication.  Celle-ci fut entravée, au début, par la Cie elle-même, qui avait acquis ces droits dans le but d'étouffer cette invention, qu'elle jugeait susceptible de nuire à son activité: les compteurs à  gaz, livrés dans le monde entier.  Cependant, après deux années de lutte, et sur los pressantes dcmandes des secteurs d'électricité, on se décida à créer enfin l'outillage nécessaire, le compteur Cauderay faisait prime partout, par son exactitude rigoureuse et sa consommation nulle de courant.  Le plus gros de ces compteurs placé au Palais Royal, était de 1000   Ah, ce qui paraissait énorme à l'époque.

 

Après le demi-échec du Concours de la Ville de Paris, vers 1885, où il n'obtint qu'um prix d'encouragement de Fr. 2'000.--, dû au défaut de fabrication initiale, le compteur obtint, à l'exposition de 1889, la Médaille d'or.

 

Edison, venu à Paris cette année, vint personnellement féliciter l'inventeur.  L'ingénieur Goubet, fabricant du premier sous-marin, s'adresse à lui pour venir placer un compteur à bord de son bateau, lequel était mû par une batterie d'accumulateurs, dont il était indispensable de connaître à chaque instant le débit disponible.

 

D'autres compteurs faisaient néanmoins leur apparition sur le marché, dérivés du principe de celui de Cauderay, ils corrigeaient son prix de revient élevé (dû à sa qualité scientifique) et lançaient des modèles moins strictement exacts, mais d'un meilleur rendement commercial.

 

Pour remédier à cette infériorité commerciale, la Compagnie des compteurs accepta et imposa à Cauderay (en 1892) une modification trouvée par l'ingénieur français Frager, permettant de lutter contre la concurrence, Cauderay n'accepta que difficilement ce changement, le compteur nouveau dénommé "Cauderay - Frager" fut donc lancé, mais dès lors des tiraillements intervinrent, qui amenèrent la dissolution de la société, laquelle, se reconstitua sans l'inventeur.

 

Celui-ci venait de trouver une pendule électrique, génialement simple.  Présentée à l'Académie des Sciences, sa description eut un tel succès que le journal "La Nature" demanda l'autorisation de la publier avec les planches.  C'était une faute au point de vue commercial.  Les commandes affluèrent en nombre considérable de tous les coins du monde, car cette pendule jouissait de la propriété d'être indépendante de tout réseau et de fonctionner dans toutes les positions.  Mais la fabrication n'était même pas encore envisagée et il fallut 2 ans pour sortir un premier modèle ! C'était trop tard.  Cauderay, ne voulant pas recommencer l'expérience du compteur s'était adressé à une fabrique de Saint-Nicolas d'Aliermont, près de Dieppe, où le travail se faisait à domicile. Ayant constitué une Société des Horloges à Lausanne, avec Regamey et Anker, il s'occupa directement de la fabrication et de la vente, les mouvements se fabriquèrent à l'Orient (Vallée de Joux), à Boncourt (France) et Monthey (Valais). Mais l'impossibilité de fabriquer en grande série fit qu'on ne put abaisser le prix de revient suffisamment, et la vente ne put prendre beaucoup d'extension, la grossc masse fut acquise par une firme de Hambourg.

 

Cauderay était rentré à Lausanne aussi pauvre qu'il en était parti; d'autres avaient su accaparer les bénéfices.  Il reprit modestement sa petite entreprise et fut un des 5 premiers concessionnaires d'installations électriques de la ville de Lausanne.  Petit à petit, il redevint un des industriels estimés de la place.  On venait le consulter de partout, la ville de Zurich elle-même le fit venir une fois pour examiner un cas que ses ingénieurs n'arrivaient pas à élucider.

 

Il persista à chercher et à inventer, il découvrit entre autres un nouveau mode de transformation de la force rectiligne en rotative qui donnait le rendement maximum sur toute la circonférence, et non seulement sur deux points situés sur la perpendiculaire à l'axe de transmission.  Un petit allumeur, dit 3 minutes (La Fourmi etc.).

 

Il se spécialisa dans la fabrication d'appareils électro-médicaux, qui eurent beaucoup de succès auprès de Messieurs les Médecins, entre autres le Dr Louis Roux.

 

Compteurs-enregistreurs pour automobiles, télé-décaleurs de vitesse à distance, et autres.

 

Mais toutes ces inventions et constructions coûtaient plus qu'elles ne rapportaient, Cauderay était peu commerçant.  La crise d'après guerre 1914-1918 amena la ruine de son entreprise, ceux qui avaient bénéficié de son intelligence et de son travail ne firent rien pour lui venir en aide.  Il décéda à Lausanne en mars 1932, travaillant complètement seul jusqu'à quelques semaines avant sa mort.

 

Il joignait à une parfaite honnêteté une modestie qui nuisit souvent à l'expansion de ses découvertes, sans jamais se décourager pour cela.

 

Jules Cauderay Fils.